La Goutte Qui Fait Déborder le Vase *
Nous venons de quitter les célébrations du mois de Tichri, ce mois qui ouvre l’année Juive en grande fanfare – le Choffar – en nous offrant tant de fêtes. En effet, Roch-Hachanna et son Choffar, Kippour et Kol Nidré, Souccoth et l’ambiance chaleureuse de la Soucca, sans oublier Sim'hath-Torah et ses danses, sont encore dans notre mémoire et nous accompagnent dans le long voyage que va être la traversée de l’hiver.
Or, il est intéressant de remarquer le contraste entre le mois de Tichri et le mois qui le suit dans le calendrier hébraïque, Mar’Hechvan. Alors que l’un est rassasié de célébrations, l’autre est le seul de notre calendrier qui n'ait aucune fête.
Mais, avant de proposer une réponse à cette énigme, nous remarquerons qu'une différence encore plus grande existe entre les mois d'été – de Nissan à Elloul – et ceux d’hiver – de Tichri à Adar. Dans la première période nous célébrons deux fêtes – Pessa’h et Chavouoth – qui sont des célébrations de la Révélation de D-ieu aux moments de la sortie d’Egypte et du Don de la Torah ; tandis que dans la seconde période, les célébrations sont celles de l’action de l’Homme. Tichri et ses fêtes sont le fruit de la Téchouva, le retour du Juif vers D-ieu ; ‘Hanoucca est la Fête des Lumières apportées par l’Homme – les Maccabi – dans le Temple de D-ieu ; Pourim permet à l’Homme – Mordé’haï et Esther – d’être le relais de D-ieu en exil, alors que la Divinité est masquée.
La pensée ‘Hassidique nous enseigne que les phénomènes matériels qui nous entourent et que nous vivons sont bien plus que des symboles ; ils sont plutôt la résultante d'une évolution qui prend forme de l'autre côté de l’iceberg qu’est notre Univers, dans sa dimension Spirituelle.
Ainsi, les mois de la « rosée » – l’été – et ceux de la « pluie » – l’hiver – sont le reflet d'un changement systématique de la communication entre D-ieu et l’Homme.
En effet, cette communication est verticale et n'est pas à sens unique, tantôt du Haut vers le Bas – de D-ieu à l'Homme – tantôt du Bas vers le Haut – de l’Homme à D-ieu. L’été et sa rosée marquent la période du Haut vers le Bas, de la Révélation, comme cette rosée omniprésente dans le décor de l’été, rosée produite par la condensation des vapeurs d'eau de l'atmosphère.
Ainsi D-ieu descend en Egypte pour sauver un peuple, et fait ensuite le même voyage sur le Mont Sinaï, pour lui offrir la Torah, en dépit du fait que le peuple d’Israël n’a pas encore, en tant que Peuple, fait ses preuves d'amour.
L’hiver débute par Roch-Hachanna, le jour de la Création de l'Homme. Dès ce jour, c’est à l’Homme d'agir et il débute son ascension par les Dix Jours de Téchouva, jusqu’à Kippour, du Bas vers le Haut, et il la poursuivra tout au long de l'hiver, les mois de « la pluie » qui, elle, provient de l’ascendance de l’air qui provoque une condensation en gouttelettes de la vapeur d’eau qu'il contient, ainsi qu’il est écrit dans la Genèse : « Et une exhalaison (vapeur) s'élèvera de la Terre et abreuvera toute la surface du sol. » C’est pourquoi ‘Hanoucca, la Fête des Maccabi, et Pourim, la Fête d'Esther, ont trouvé leur place dans cette période. C’est encore là que le Beth-Din ajoutera un mois au calendrier de D-ieu, le deuxième mois de Adar.
Revenons maintenant au mois de Mar’Hechvan. D-ieu ne s’y impose par Sa Révélation ; Il n’y plaça pas de célébration, donnant ainsi à l’Homme un espace de liberté pour qu’il y crée lui-même l’évènement. C'est pourquoi nos sages ont appelé le mois de Mar’Hechvan : le mois de la pluie, « Mar » signifiant « goutte d'eau » en hébreu.
La tradition veut que sera en Mar’Hechvan que sera inauguré le troisième Temple, reconstruit par Machia'h car, là encore, l’Ere Messianique sera le fruit du travail entrepris par le peuple Juif en exil – un hiver spirituel – dans lequel l’homme apporte sa contribution à la Création, comme la petite goutte qui fait déborder le « vase » de D-ieu.
Rav Eliahou DAHAN,
Grand Rabbin de Lille
VIVRE LA PARACHA AVEC LE RABBI MHM chlita *
Commencer par le Beth
«Béréchith : Au commencement, D-ieu créa le ciel et la terre» (Genèse 1 - 1)
La Torah commence par le mot Béréchith - Au commencement – dont la première lettre est un Beth.
Le Beth est la deuxième lettre de l’alphabet Hébreu ; pourtant, D-ieu choisit de commencer la Torah par cette lettre. On pourrait supposer que la Torah devait débuter par la lettre Aleph – première lettre de l’alphabet – puisque la Torah répond normalement à un ordre bien strict. Il aurait été logique, à première vue, de commencer par le mot Elokim – D-ieu créa le ciel et la terre – qui a un Aleph à sa tête.
En fait, un enseignement important découle du fait que la Torah ne commence que par la deuxième lettre de l’alphabet :
La Torah a la qualité d’être précise ; rien ne peut y être considéré comme involontaire ou accidentel. L’usage de la deuxième lettre sous-entend, en fait, que l’étude ne représente que la deuxième phase de l’approche du Juif à la Sagesse Divine.
Avant de s’engager dans l’étude, le Juif doit d’abord se préparer convenablement. Ce n’est qu’après avoir passé cette étape préparatoire qu’il est assuré que son étude s’inscrira sous la forme appropriée à la volonté de D-ieu.
C’est en prenant conscience de la sainteté contenue dans la Torah que l’homme se prépare à l’étudier. Un Juif doit se rappeler constamment que D-ieu nous donna Sa Sainte Torah dans le but précis de nous relier à Lui. L’étude est le moyen qui nous permet de nous unir avec Lui.
Sans cette prise de conscience préalable, l’homme est capable de voir en la Torah un recueil de belles histoires, un guide de conduite ou peut-être simplement une œuvre qui contient une sagesse profonde. Sans la préparation adéquate, il serait capable d’oublier que la Torah est sacrée et que son objet principal est de nous permettre de nous rattacher à Dieu, le Donneur de la Torah.
C’est pour se souvenir de cela que le juif récite, chaque matin avant d’étudier, la bénédiction : « Bénis sois-Tu E-ternel qui nous donne la Torah. » Ainsi, D-ieu, le Donneur de la Torah prend une place primordiale dans notre esprit.
C’est alors que nous pouvons atteindre la seconde étape – celle de l’étude – qui nous permet de nous rattacher à Dieu. De cette façon, mieux nous étudions et meilleure est notre relation avec Lui.
En résumé, la Torah que nous étudions ne constitue donc que le Beth ; alors que le but fondamental est de se relier à D-ieu – le Aleph.
Likouté Si’hoth Vol XV
*Extraits du site http://daf-hagueoula.org/
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